les souvenirs

LES  SOUVENIRS DOULOUREUX

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OLLANS A PERDU CINQ DE SES ENFANTS LORS DES DEUX DERNIERS CONFLITS MONDIAUX

A chaque 11 novembre et 8 mai devant les Monuments aux Morts, il est d'usage dans le secteur d'appeler les noms des hommes de nos villages tombés durant ces deux guerres stupides du vingtième siècle. Quatre jeunes hommes nés ou ayant habité à Ollans, dont trois frères Joseph, Louis et Séraphin sont régulièrement cités. 

Arrêtons nous un instant sur le drame de cette famille qui a perdu en un an trois de ces enfants. Pensons un instant à la douleur des parents et des frères et sœurs apprenant régulièrement un décès d'un fils ou d'un frère. Imaginez l'angoisse de la mère à la réception d'un courrier venant du front. D'après ce qu'on pu raconté les anciens, la maman ne s'en est jamais remise et a pleuré ses trois fils toute sa vie. Elle s'appelait Blanche MONNET, née à Besançon en 1861, elle avait épousé à Ollans le 27avril 1886 Emile ROY originaire de Verne dans le Doubs. De cette union étaient nés sept enfants dont :
  • Joseph Ernest, né à Ollans le 13 juin 1887 et marié à Jeanne Vuillemot native de Paris. Ils avaient quatre enfants, André et Suzanne et des jumelles, Marie-Joseph et Madeleine, nées le 21 novembre 1916 qui n'ont jamais connu leur père, tué le 1er août 1916 dans la Somme. Il avait 29ans. Il était Adjudant au 32ème régiment d'Infanterie.
  • Séraphin né à Ollans le 19 février 1889 tombé en Meurthe-et-Moselle le 26 mars 1915. Il avait 26 ans. Il était Clairon au 71ème régiment de Chasseur à pied.
  • Louis Auguste né à Ollans le 4 février 1893 et décédé le 15 juin 1915 à l'hôpital de Compiègne des suites de ses graves blessures. Il avait 22 ans. Il était Sergent au 35ème régiment d'Infanterie.
Trois croix toutes simples avaient été érigées à leur mémoire au cimetière de Cendrey. Elles ont été regroupées avec celles des autres jeunes du secteur tombés au champ d'honneur, dans le carré militaire inauguré le 11 novembre 2004.
  • Léon François Jean THIEBAUT était né le 16 juillet 1884 à Orchamps-Venne et marié à Augustine Lamidez ; le travail l'avait amené à Ollans en tant que voiturier au château; avec son épouse il habitait  la maison que l'on appelle "la Guigue". Il fut mobilisé au 47ème régiment d'artillerie en tant que 2ème canonnier conducteur de la 26ème batterie et fut tué par un éclat d'obus à Monastir en Serbie le 23 novembre 1916 à 15h30; il avait 32ans et fut enterré sur place.
  • Charles Théophile Louis VUILLEMENOT le seul homme d'Ollans tombé durant la seconde guerre mondiale. Né à Ollans le 23 janvier 1913 et marié à Jeanne Francine Voisard il est décédé sur le front à Lambersart dans le Nord le 31 mai 1940 à l'âge de 27 ans. Il était Sergent-chef dans les tirailleurs marocains.
                                                                                                                                           

LES LETTRES DE CES POILUS

transmises par Madame Monique Lecrigny, fille de Madeleine et petite fille de Joseph Roy, 
lors de la célébration du centenaire de l'Armistice le 11 novembre 2018 à Ollans.

Extraits de la lettre adressée par le Lieutenant Fischer du 71ème Bataillon de Chasseurs, 
de la 7ème Compagnie à son Capitaine :

" Le chasseur Roy Séraphin, votre cousin, au cours d'une retraite rapide qui suivit une rigoureuse contre-attaque ennemie, tomba; grièvement disent deux de ses camarades qui étaient près de lui, ayant reçu une balle dans le dos. L'ennemi en novembre bien supérieur était si près qu'il fut impossible de relever le Clairon Roy. Lorsque le lendemain, ayant repris pied sur une partie de la position, nous relevâmes les morts et les blessés abandonnés la veille, nous ne pûmes retrouver Roy, qui probablement avait été emmené par l'ennemi. Depuis, de nombreuses reconnaissances retrouvent chaque jour le corps de quelqu'un des nôtres tombés ce jour et qui n'avaient pu, par suite du feu ennemi, être relevés depuis.
Roy Séraphin est tombé le 26 mars dernier. Jusqu'à ce jour quoiqu'il fût porté disparu, je ne vous avais pas encore écrit espérant toujours retrouver son corps ou obtenir des renseignements par les prisonniers ennemis... mais rien!
Notre pauvre Roy, certainement le plus brave des Chasseurs de la Compagnie, doit être considéré comme "disparu". Blessé et prisonnier peut-être, espérons certainement, il se remettra de sa blessure et bientôt nous aurons de ses nouvelles. En raison des instructions ministérielles, je n'ai pas prévenu sa famille. Si donc vous jugez utile, je serai de cet avis, de l'informer du malheur qui la frappe, je vous serais très reconnaissant de lui exprimer la grande part que j'y prends. "
(le Chasseur Séraphin Roy ne revint jamais dans sa famille)

Lettre datée du 29 décembre 1915 de Joseph Roy à son jeune frère Justin, 
également appelé sous les drapeaux :

" J'espère bien que cette nouvelle année sera moins pénible que celle que nous venons de passer et qui nous a frappés d'un coup si cruel en nous prenant notre cher Séraphin et notre cher Louis. Hélas, que de vide déjà autour de nous. Enfin, cela ne peut pas toujours durer, la guerre finira bien un jour et alors il y aura de beaux jours pour nous...C'est pourquoi, je te souhaite une bonne et heureuse année et santé parfaite. Je compte aller en permission pour la deuxième fois fin janvier. Il y a peut-être des chances pour que nous y soyons ensemble. "

Lettre datée du 8 juillet 1916 de Joseph Roy à son frère Justin :

" Je vois que tu es logé à la même enseigne que moi et que c'est sans doute à Verdun que tu vas combattre...
Je n'ai pas besoin de te dire de faire ton devoir, au contraire, ne t'expose pas inutilement, sois prudent, mais quand il faudra y aller, vas-y courageusement, c'est encore le meilleur moyen d'en revenir...
Moi, je suis comme toi, j'attends tous les jours que l'on nous y conduise, nous sommes entre Amiens et Péronne, à 20kms du front. Nous devions aller au combat plus tôt, mais avec le peu d'avance des anglais, nous attendons, car on a pu se passer de nous jusqu'ici. Tu as pu voir par les journaux que notre avance est magnifique, nous avons pris des villages, fait des prisonniers et nos pertes sont très minimes. C'est dommage que les anglais n'avancent pas, mais il paraît qu'ils trouvent beaucoup de résistance.Enfin, nous espérons tous que cela ira bien. Il en tombera encore beaucoup des nôtres, malheureusement, mais comme tu dis c'est encore plus malheureux pour ceux qui restent que pour ceux qui tombent. Ma division devait prendre le village de Berny-en-Sauveur, mais nous avons eu contre-ordre et nous sommes toujours au repos.Chez nos parents ont bien du travail et surtout bien des maux avec ce mauvais temps qui ne cesse plus. C'est gênant aussi pour nous, surtout que, où nous sommes, il n'y a plus de tranchées, il faut donc en faire de nouvelles. Allons au revoir mon cher Justin, j'espère que tu es toujours en aussi bonne santé et que, avant peu, j'aurai le plaisir de te revoir. Je te quitte en t'embrassant bien fort.Ton frère qui pense souvent à toi. "
(ce fut sa dernière lettre à son frère. Il tomba au champ d'honneur le 1er août)

Justin Roy, épargné par la guerre, épousa en 1918 Jeanne, la veuve de son frère Joseph.
Il avait promis à Joseph qu'en cas de malheur il veillerait sur sa femme et ses quatre enfants.
Ils eurent par la suite six filles et élevèrent donc dix enfants.

                                                                                                                                           

LES  SOUVENIRS ANCIENS
évoqués par Madame Renaudot, née à Ollans

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"Je me souviens des processions des Rogations qui nous permettaient d’entrer dans le château où le prêtre bénissait les ruches et les futures récoltes. Je ne pensais pas que près de 60 ans après je serais reçue dans les salons du château pour en parler.
Chargée de représenter les Anciens, je suis tout juste d’avant guerre (celle de 1940…) mais mes grands-parents se sont installés à Ollans à leur mariage en 1908, maman y est restée 88 ans, papa 49 ans. A onze ans, je suis partie en pension et Besançon m’a gardée (et Thise par la suite); j’ai donc vécu à Ollans par intermittence et surtout par la pensée et les souvenirs !
Maman en particulier, mais aussi son frère qui était revenu à Ollans, mais trop tôt disparu, auraient beaucoup mieux parlé de l’ancien temps, mais je vais essayer.
Autrefois le village vivait pour l’agriculture et par l’agriculture.
Maman rappelait souvent quelques souvenirs :
- un montreur d’ours passait au village quand son frère est né en avril 1913.
- des raies de champs étaient réservées aux ouvriers de l’usine. Dans les années quatorze, lorsque maman allait aux champ, elle mettait son fils dans une « rassotte » (panier) au bas du champ et laissait le chien pour le garder.
- pendant la guerre de 1914–1918, sa maman allait tous les matins lire à haute voix les informations du Front à la grille d’affichage de la Mairie pour les personnes du village qui ne savaient pas lire et qui venaient écouter.

En 1951,Ollans comptait 66 habitants :
-          5 agriculteurs dont la ferme dirigée par un régisseur et qui comptait 6 ouvriers agricoles (2 habitaient le village voisin),
-          10 rentiers,
-          1 jardinier à son compte,
-          1 fonctionnaire (l’instituteur)
-          3 ouvriers des Fonderies de Larians

Il y avait 50 vaches et 30 génisses sur la commune : élevage destiné à la production laitière (moyenne 7l de lait par jour, production annuelle : 100 000 à 125 00 l de lait). Je comprends pourquoi nous devions aller chez trois agriculteurs pour obtenir 1 litre ½ de lait et ce n’était pas toujours possible d’avoir ½ litre supplémentaire occasionnellement…

Cultures principales : blé et pommes de terre. Blé semé tous les 4 ans sur le même champ ; rendement 10 à 15 quintaux à l’hectare alors qu’en France la moyenne était de 18 à 19 quintaux à l’hectare !
Terre légère favorable à la pomme de terre. 
Autres cultures : un peu de vigne, avoine, choux-raves, un peu de seigle, un peu de colza, de la navette, carottes, choux, haricots.

Le LABOUR avec le cheval et la charrue représentait une rude besogne.

La  FENAISON : maman parlait du temps où les ouvrier de la ferme fauchaient le « Pré Devant » à la faux dès 4 heures du matin.
J’ai connu les faucheuses tirées par les chevaux, les faneuses, les râteleuses que tous les agriculteurs ne possédaient pas; les « voitures » étaient chargées à la fourche, une femme souvent chargée de répartir le foin au-dessus de la « voiture ».
Papa travaillait à l’usine à Larians, mais il était souvent embauché à la belle saison pour donner un coup de main et, à la ferme, il se chargeait volontiers de l’aiguisage des lames de faucheuses le soir après le travail. Pendant les vacances, mon frère, comme d’autres,  était souvent employé par des agriculteurs  on ne voyait pas de jeunes désœuvrés dans le village !

La MOISSON : la moissonneuse-lieuse était déjà une belle invention par rapport à la faucille… Mais il y avait de nombreuses manipulations pour le séchage avant la rentrée en grange (surtout si une période de pluies s’en mêlait…)
Après la moisson, nous allions glaner dans les champs, nous étions contents lorsque la machine avait laissé quelques épis. Les poules ne mangeaient pas bien longtemps avec notre récolte mais c’était une façon de ne rien laisser perdre et d’occuper les enfants.

Le BATTAGE des céréales représentait un très gros travail qui nécessitait  beaucoup de main d’œuvre. Tout le monde était réquisitionné… Une énorme poussière entourait le battoir.
L’arrivée de la « Moiss-bat » a été une révolution : nous allions la voir œuvrer dans les champs pour le plaisir.

Le RAMASSAGE DES POMMES DE TERRE occupait beaucoup de monde dans les champs, j’ai le souvenir d’avoir participé à une journée de ramassage, c’était dur…

Tous les déplacements se faisaient en voiture à cheval. Le tilbury  était utilisé pour les sorties et pour aller à la gare. Ma cousine conserve un souvenir vivace  de son voyage de la gare de Loulans à Ollans en mars 1944 sous la neige (elle avait 5 ans et demi). « Hue Souris » criait sans cesse le conducteur; je la vois encore arriver dans la «carriole» avec sa maman, bien emmitouflées.
Même des déménagements se faisaient en voiture à cheval…

En 1951, le courant électrique était destiné à l’éclairage et aux besoins ménagers; il était insuffisant pour permettre l’utilisation de gros matériel. Lorsque les cultivateurs utilisaient de petits moteurs, l’éclairage n’était pas régulier et la T.S.F. marchait moins bien.
Nous faisions beaucoup de marche à pied, il n’y avait souvent qu’une bicyclette par famille.

le lavoir fontaine
La vie était dure pour tout le monde; je me rappelle le chemin de la fontaine tellement boueux que maman avait fini par renoncer à aller rincer son linge à la fontaine du bas et rinçait dans des baquets à la borne fontaine proche. Jusqu’en 1966 mes parents n’avaient pas l’eau sur l’évier. Lorsque l’eau courante est « arrivée » au village, grand-père avait installé les canalisations d’eau sur Ollans ; le maire lui avait proposé le matériel pour mettre l’eau dans la maison qu’il occupait, mais il trouvait que c’était superflu puisque la borne était toute proche (ma grand-mère le lui a reproché longtemps…)

Lorsque nous étions enfants, nous aimions aller dans les écuries au moment de la traite; j’ai le souvenir d’une bonne odeur de foin et de lait. Il y avait quelques vaches dans une écurie près de chez mes parents  nous les connaissions et nous aimions aller les chercher au champ pour la traite ou les reconduire avec la cultivatrice. Je me rappelle le beau petit veau que nous allions voir à l’écurie embarqué un matin dans la camionnette du boucher…

Après les regains, les vaches allaient paître dans les prairies et j’étais contente quand je pouvais accompagner mes amies pour les surveiller.

Des commerçants passaient au village : maman parlait du Caïfa, j’ai connu la livraison du pain avec une voiture à cheval, bouchers, épiciers marchands de chaussures, de confection faisaient leur tournée.

Au milieu des années 50, l’arrivée des tracteurs a bien changé la vie des chevaux et des agriculteurs. J’entends encore le bruit bien particulier du « Labourier » de Régis Humbert !
Dans les années 50, les dimanches de juillet-août, des personnes venaient en camion et en auto manger et pêcher au bord de l’Ognon. La rivière était poissonneuse. Des canoës descendaient le cours de l’Ognon.

Les DISTRACTIONS en 1951 se limitaient effectivement aux fêtes patronales de Larians et de Cendrey : c’était l’époque où le travail était primordial.
L’arrivée de Mr le Curé Blanchon à la cure de Guiseuil en mai 1952 puis celle de son frère, M. L’Abbé Blanchon, en 1953 et le regroupement des paroisses de Cendrey et Guiseuil modifièrent les « mentalités » et ont contribué au rapprochement des villageois qui se connurent mieux.
Mr l’Abbé a « lancé le football » à Larians avec des vétérans et des jeunes . Les matchs, les tournois du dimanche apportèrent une distraction aux habitants des villages environnants. Les joueurs sont depuis longtemps dans « la cour des grands » et l’organisation, reprise par la famille Prétot et tous les bénévoles qui s’y sont investis, est devenue très puissante. Le foot et la fête annuelle des sports à Larians occupent maintenant une grande place et attirent depuis longtemps des habitants de toute la région de Franche-Comté.

Des camps de vacances furent organisés; les garçons étaient encadrés par Mr l’Abbé et les filles par Mr le curé.
Des Fêtes de la Terre avec décorations de chars, danses folkloriques ont eu lieu sur des sites différents durant plusieurs années.
Des réunions regroupaient régulièrement les jeune.
Mr l’Abbé projetait une séance de cinéma hebdomadaire au « Cercle » de Larians.
Il fut également à l’origine de la réfection de l’église de Larians et passa lui-même de nombreuses heures de « loisirs », avec d’autres bénévoles, à gratter les murs. Il remit à jour l’ouverture à l’est qui a bénéficié d’un beau vitrail.
A Ollans, des veillées avaient lieu à tour de rôle dans les familles Deforet et Petit avec la « jeunesse » d’Ollans.

HISTOIRE DU PONT : (racontée par maman)
le pont construit  par Justin Derosne
Avant la construction du pont, on traversait la rivière avec un bac pour aller à Larians. Il y eut un accident avec le bac.
C’était en hiver, en période de crue. Un cocher venait de conduire les châtelains à la gare à 5 km. Comme il faisait très froid, en revenant il s’était mis à l’intérieur du coupé et s’était endormi. Les chevaux sans guide et sans lumière, car c’était la nuit, s’étaient engagés à l’aveuglette sur le bac et sont tombés dans l’endroit le plus profond de la rivière. Le lendemain matin on retrouva les cadavres du cocher et des chevaux.
Le pont date de 1867. Au début de sa construction en 1856, il fallait verser un sou pour passer. Mon arrière-grand-mère racontait à maman que lorsqu’elle était enfant sa mère ne lui donnait que 3 sous pour aller à la fête à Larians car ils étaient nombreux en famille. Ils n’avaient donc qu’un sou à dépenser à la fête  il leur fallait deux sous pour l’aller et le retour du pont. Au départ leur maman leur recommandait bien de ne pas dépenser inutilement. A l’aller, ils allaient traverser la rivière au gué d’arche (à 3 kms) pour avoir un sou supplémentaire à dépenser.
Pour les véhicules, une participation financière était demandée à chaque passager. Aussi, lorsque les voitures agricoles traversaient le pont, les mères de famille cachaient leurs enfants sous leurs grandes jupes pour gagner quelques sous …"

                                                                                                                                                                                


LES CROIX DES CHEMINS
évoquées par Monsieur François Roy de Lachaise

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 Au carrefour des routes départementales 23 et 23E dans le village devant la ferme, dans les années 1935-1940 fut érigée une "'croix de rogations" par le maire Etienne Marion, aidé par Marius Vuillemenot, décédés tout deux en 1947. Elle fut restaurée dans les années 1950 par Pierre Bas (gendre de Marius Vuillemenot) et Charles Gayon (maçon).

Chaque année au mois de mai, quatre matinée étaient consacrées aux "rogations" (rogatio en latin signifiant prière, requête). Sorte de processions, Monsieur le Curé, les enfants de chœur, ceux du catéchisme avec des bouquets de fleurs et les villageois allaient d'une croix à l'autre porter leurs prières et leurs cantiques spécifiques à cette cérémonie. Le premier matin, environ à 6 h, était consacré aux foins, le second aux moissons, le troisième aux vignes et le quatrième au bétail.
le monument aux mort
A Ollans, cette coutume s'arrêta dans les années 1968-1969 avec l'abbé Joseph Blanchon, responsable de la paroisse de Cendrey. En 1983, sur proposition du maire, le conseil municipal accepta de faire de ce monument religieux un "calvaire-monument aux morts" en y inscrivant le nom des soldats tombés aux guerres de 1914-1918 et de 1939-1945 (très peu de monument aux morts sont surmontés d'un crucifix! Depuis les cérémonies nationales y sont organisées pour rendre hommage à ceux qui ont défendu notre liberté. Plusieurs prises d'armes ont eu lieu avec la participation des écoles.

Nous trouvons également une croix plus ancienne au carrefour de la route de Besançon et du chemin communal dit "des Vignottes" appelé autrefois "chemin de communication d'Ollans à Battenans-les-Mines".

la croix des chemins 

HISTOIRE DES CROIX DES CHEMINS : 

Dans nos pays chrétiens, le culte des croix était très pratiqué, heureusement encore aujourd'hui, mais bien moins que jadis. Certaines croix de chemin existant depuis le XIIème siècle indiquaient d'abord qu'à l'entrée du village, le voyageur se trouvait en terre catholique. La plupart était taillée rustiquement dans le bois de nos forêts. D'autres plus riches, en pierre sculptée, étaient érigées en remerciements à Dieu, arrêtant à nos portes les grandes épidémies de peste et de choléra si nombreuses au Moyen-âge. On trouve encore des oratoires beaucoup plus importants, comme la Motte de Vesoul, élevée au moment du choléra en 1857.

Ces humbles emblèmes de notre foi étaient placés au coin des champs. Ils étaient censés protéger des orages, grêlons, sécheresses qui détruisaient les cultures. Ces croix servaient aussi de repères aux voyageurs demandant leur chemin aux travailleurs rencontrés dans les champs : "Vous faites encore un petit bout de chemin, au premier champ d'avoine, à la croix, vous prenez à main gauche!" répondait l'homme.
Pendant les belles soirées d'été, les jeunes venaient danser autour de la croix "chambreli-chambrela", écouter les histoires des anciens, faire un brin de cour aux filles. Les vieilles grands-mères disant leurs chapelets, faisaient halte devant elles. Au moment des fleurs des champs, les enfants allaient en cueillir pour mettre aux pieds des croix. Les hommes, revenant du travail, se découvraient au passage. On faisait son signe de croix en récitant "l'Ave Maria".
L'armée, en marche, en manœuvre ou hélas en guerre, possédait des cartes d'état major ou toutes ces croix étaient mentionnées. C'étaient les poteaux indicateurs de l'époque.
Lorsqu'une croix est remplacée, la coutume veut qu'elle soit enfouie dans le cimetière avec les gens qu'elle a protégés et qui l'ont vénérée"